Vierge à l'enfant - Chapelle Sainte Thérèse de Lisieux |
Ayant reçu une éducation catholique, j'ai appris le commandement chrétien : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Seulement voilà, je m’en sentais bien incapable. Comment pourrais-je aimer des êtres malfaisants ou avec lesquels je ne suis pas d'accord ?
Jusqu’à ce que je découvre le bouddhisme, grâce auquel je me sens maintenant en mesure d’aimer et d’avoir de la compassion pour tous les êtres sensibles.
Comment est-ce possible ? La réponse tient dans les définitions, les bonnes définitions.
Définitions de l’amour dans le langage courant
Si l’on recherche les
définitions du mot amour dans le Petit Larousse, les deux principales
définitions sont :
- Affection ou tendresse entre les membres d'une
famille : Amour paternel, filial.
- Inclination d'une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel : Déclaration d'amour.
La première définition ne
s’applique qu’à la famille.
Quant à la deuxième
définition, elle suppose une passion et ne peut pas non plus s’appliquer à tous
les êtres. En fait elle correspond plutôt à ce que dans le bouddhisme on
appelle l’attachement, qui est un des poisons de l’esprit.
Autrement dit les
définitions courantes du mot amour ne permettent pas de l’appliquer à tous les
êtres.
Définitions de l’amour et de la compassion dans le bouddhisme
Le bouddhisme définit l'amour et la compassion comme suit :
Amour : Vouloir que les autres soient heureux
Amour : Vouloir que les autres soient heureux
Compassion :
Vouloir que les autres soient libérés de la souffrance
Or je n’ai aucune
difficulté à vouloir que tous les êtres soient heureux, sans exception, et à
vouloir qu’ils ne souffrent pas, sans exception. Je n’ai aucun doute là-dessus,
et je n’y mets aucune limite.
Cela ne veut pas dire que je
vais être d’accord avec une personne qui fait du mal aux autres, mais je vais
désirer qu’elle découvre le vrai bonheur, qui consiste à ne pas faire de mal aux
autres.
Donc, grâce à la magie
d’une définition correcte, je peux enfin aimer mon prochain comme moi-même.
C'est assez paradoxal peut-être, mais mon étude du bouddhisme me permet de mieux comprendre et appliquer ma religion d'origine.
C'est assez paradoxal peut-être, mais mon étude du bouddhisme me permet de mieux comprendre et appliquer ma religion d'origine.
Dans son livre " L'art du bonheur ", le Dalaï Lama écrit : " l'amour et la compassion sont une nécessité, pas un luxe. Sans eux, l'humanité ne peut survivre " |
Très bonnes définitions d'amour et compassion pour le bouddhisme.
RépondreSupprimerAimes ton prochain comme toi-même. Ca veut dire qu'il faudrait pouvoir s'aimer juste ce qu'il faut pour maintenir en soi la vie de façon à ce qu'elle reste toute disponible pour les autres. Car si l'on s'aime trop, ce qui est le cas de la plupart d'entre nous je pense, on n'a plus de place pour autrui. C'est justement ceux qui s'aiment trop, leur confort, leur vie tranquille, et tous leurs amusements, qui sont incapables de donner, je trouve.
Peu de gens du reste sont vraiment odieux, "vraiment méchants", comme dit un chanteur. C'est l'indifférence qui tue, justifiée par une absence, soi-disant, de disponibilité.
Faire de la place en soi pour l'autre, cela devrait pouvoir se faire. Je ne sais si j'y arrive. Un peu, peut-être, tout de même. Mais je dois trop m'aimer...
Sur ce sujet très sensible pour moi de la compassion, ma réflexion personnelle est : jusqu'où suis-je capable d'aller ? Il faudrait pouvoir donner sa vie pour autrui est-il dit dans le Lam RIm. Je ne suis pas sûre de le pouvoir, à part pour un membre de ma famille, c'est-à-dire quelqu'un pour lequel j'éprouve de l'attachement, justement.
Les mendiants des trains ou ailleurs sont souvent repoussants. Je peux leur donner une pièce, c'est facile, mais si je ne veux pas ou ne peux pas leur donner une pièce; et même en théorie si je donne, il faudrait pouvoir aller plus loin. Une anecdote racontée par C. B. une de nos instructrices de cursus. Il paraît que M-S. B. ne donne pas seulement, mais va parler aux mendiants. Je n'en suis pas là, ma compassion reste extérieure, en-deçà d'une frontière. J'en ai même souvent peur, je l'avoue, de ces autres si différents. J'envisage de parrainer un vieillard tibétain, mais je n'ai pas eu l'occasion de le faire.
C'est justement l'intérêt des définitions bouddhistes de l'amour et de la compassion: elles permettent de pratiquer ces deux vertus, même lorsque les personnes concernées sont repoussantes.
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