jeudi 14 mai 2015

Réincarnation 2 - Shanti Dévi

Ce livre raconte l'histoire de Shanti Dévi.
Allons-nous nous réincarner après notre mort ? 

Il me semble important d’obtenir des réponses fiables à cette question, car beaucoup de choix de vie en dépendent, notamment la pertinence d’un engagement sur une voie spirituelle. 

Car si nous devons nous réincarner, cela nous indique que nous avons une dimension spirituelle, et nous devons dès lors prendre soin de notre esprit au même titre que nous prenons soin de notre corps. Cela allège également les souffrances liées à notre mort et à celle de nos proches.

L'histoire de Shanti Dévi est un exemple de réincarnation extraordinaire, car d'une part ses souvenirs sont très nombreux et précis, d'autre part son cas a été authentifié et validé par une commission d'enquête nommée par Gandhi. 


Récit de Matthieu Ricard

Matthieu Ricard en a également donné le résumé suivant, dans son livre L'infini dans la paume de la main.

Beaucoup de personnes témoignent de vies antérieures, comme celle vécue par la jeune Shanti Dévi, née en 1926, à Delhi, en Inde. Vers l’âge de quatre ans, la fillette commence à tenir à ses parents, des propos étranges. Elle leur dit que sa vraie demeure est dans la ville de Mathusa, où vit son mari. D’abord incrédules, ses parents en viennent à douter de la santé mentale de leur fille.

Shanti Dévi est pourtant une jeune fille intelligente et d’un caractère aimable. Pendant deux ans, elle maintient ses dires, ce qui agace de plus en plus ses parents, de même que ses amies qui se moquent d’elle. À l’âge de six ans, la jeune fille s’échappe et tente de gagner à pied, la ville de Mathusa, qui se trouve à cent cinquante kilomètres de chez elle.

Un jour, Shanti Dévi explique à une de ses compagnes de classe, qu’elle ne s’appelle pas Shanti Dévi, mais Lugdi Dévi; qu’elle est mariée et qu’elle a un enfant dont elle ne peut s’occuper, car elle est morte dix jours après son accouchement. Toute l’école se moque d’elle. La jeune fille éclate en sanglots et s’enfuit.

Chez les parents de Shanti Dévi, c’est l’affolement. Son père part à sa recherche et finit par la trouver. Cette fois, il est ébranlé par la détermination de sa fille. Pendant les deux années suivantes, la fillette se replie sur elle-même, devant les moqueries de ses compagnes de classe. Finalement, son professeur et le directeur de l’école se rendent chez ses parents. Ils interrogent longuement la jeune fille qui répond avec assurance à toutes les questions.

Shanti Dévi décrit alors la vie qu’elle menait à Mathura avec son mari, commerçant et affirme qu’elle pourrait reconnaître les personnes et les lieux de son ancienne vie. Durant cette conversation, elle emploie constamment le dialecte de Mathura que personne ne parle, ni dans sa famille, ni à l’école. Les professeurs insistent pour connaître le nom du mari. Comme il est indécent pour une femme indienne de prononcer le nom de son mari, Shanti Dévi hésite, se cache le visage et murmure : Kédar Nath.

Malgré les réticences des parents, le directeur de l’école décide de faire une enquête à Mathura. Il trouve effectivement un commerçant du nom de Kédar Nath. Interloqué, le commerçant confirme que neuf ans plus tôt, sa femme est morte, dix jours après avoir donné naissance à un fils. Un peu méfiant, le commerçant envoie son cousin afin de rencontrer la jeune fille. Le cousin la questionne, mais la supplie de se taire quand celle-ci lui raconte comment, en l’absence de son mari, il lui a fait la cour. Elle lui demande ensuite des nouvelles de son fils qu’elle n’a jamais vu.

Quand on lui rapporte cette conversation, Kédar Nath décide de se rendre à Délhi avec son frère pour lequel il veut se faire passer. Dès qu’elle le voit, Shanti Dévi lui dit : ‘’Tu n’es pas mon beau-frère, tu es mon mari Kédar Nath’’. Tous les témoins sont médusés. La discussion se poursuit et la jeune fille donne des détails de plus en plus précis. Elle demande à Kédar Nath s’il a tenu sa promesse faite sur son lit de mort de ne pas se remarier. Ce dernier lui avoue avoir pris une autre femme. Kédar Nath reste plusieurs jours à Délhi et devant les détails très précis donnés par la jeune fille, il repart, persuadé qu’elle est bien la réincarnation de son épouse.

Les choses n’en restent pas là. La rumeur se répand et un jour Gandhi lui-même vient visiter la fillette. Il est passionné par son cas. Gandhi lui dit : ‘’J’espère en savoir plus quand tu seras à Mathura. Mes pensées t’accompagneront. Ce dont tu as besoin, c’est la vérité. Ne t’éloigne jamais du chemin de la vérité, quoi qu’il t’en coûte’’ Gandhi envoie l’enfant à Mathura, accompagné de ses parents, de trois notables, d’avocats, de journalistes et d’hommes d’affaires de bonne réputation.

Les 15 novembre 1935, le groupe arrive à Mathura. Une foule est massée sur le quai. Aussitôt, Shanti Dévi reconnaît les membres de son ex-famille. Elle se précipite sur un vieillard en s’écriant : ‘’Grand-père’’ et lui demande des nouvelles de son basilic sacré. Le vieil homme est stupéfait, car avant de mourir, Lugdi Dévi lui a confié son basilic sacré. Puis la fillette conduit le cortège directement à son ancienne demeure. Pendant plusieurs jours, elle reconnaît les lieux de même que les personnes, dont ses beaux-parents. La jeune fille questionne son mari sur un fait que les deux seuls connaissent, à savoir s’il a offert à Krishna, pour le salut de son âme, les cent cinquante roupies qu’elle avait dissimulées sous une latte du plancher. Confus, Kédar Nath répond par la négative.

La commission d’enquête envoyée sur les lieux par Gandhi et qui a suivi la fillette durant plusieurs jours, a accompli un travail sérieux. Elle a noté tous les faits et gestes et en est venue à la conclusion que Shanti Dévi était bien la réincarnation de Lugdi Dévi, épouse de Kédar Nath. Cette dernière était décédée dix jours après avoir donné naissance au fils du couple.

Sources

L'infini dans la paume de la main, par Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan,
NiL Editions - Fayard 2000
I Have Lived Before: The True Story of the Reincarnation of Shanti Devi (Anglais) 
31 mars 1998 par Sture Leonnerstrand